Fin de lignée
Simple suggestion, et presque évidence : la figure d'Aldo dans Le rivage des Syrtes de Julien Gracq mériterait d'être mise en relation avec les personnages décadents de Huysmans et, au-delà de Durtal, avec Des Esseintes.
Fin d'une famille, ennui, temps à revendre, isolement dans un lieu lointain; ils me semblent qu'Aldo et Des Esseintes partent d'un même point, se tissent d'une même myriade de thèmes. Seulement, là où Des Esseintes abandonnent passivement, Aldo agit (en bien, en mal, qu'importe?).
Aldo, figure huysmanienne, est récupérée par Gracq en tant qu'agent agissant sur le monde, et non plus seulement en tant que critique de celui-ci. Aldo, s'inscrit ainsi dans une continuation de Des Esseintes, un prolongement sorti de l'apitoiement...
Aldo vit. Et comme il redémarre l'histoire, Gracq redémarre le personnage depuis trop longtemps devenu simple observateur du monde, simple geingnard (voir Proust, Sartre etc. - et en ce sens, autour des mêmes années, il m'apparaît que le projet gracquien rejoint quelque peu le projet camusien).
Comment s'étonner dès lors de l'essentielle question du roman : "Qui vive?"
Le rivage des Syrtes c'est l'Histoire qui ressuscite, c'est aussi le personnage, c'est le roman...
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