vendredi 27 avril 2007

Jules Renard

Ce que j’appelle « dommage » (et je trouve en ceci seulement cette amertume de la beauté), c’est l’imagination comprise sous certains angles. Exemplifions : Renard n’aura jamais reçu ce que provoque sur le public la lecture de sa dernière phrase (celle-là même écrite dans la nuit et d’expression comme ahurie); si détachée, presque sans importance. Et sa mort qui couronne la ligne; elle vient là tonner comme un sourd point d’exclamation.

Publier son « journal » de son vivant, c’est renier l’intensité d’un tel moment éternel (infini comme l’action de chaque lecture). Aussi, ce que j’appelle « dommage », ici, c’est l’imagination formant mythe s’opposant à la revenante – nous traçons comme un enfant joue, mais seul l’abandon total de l’idée (par la mort ou l’exil rimbaldien) rend au lecteur l’extase, permet même, peut-être, l’unique inspiration franche (celle qui n’expire pas) – c’est le boomerang gracquien.

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