Aimer Huysmans
Tout de même, ce désabusé, ce qu'il fait de trouvailles dans l'indignation. On relit Là-bas, par exemple, et on arrive rarement à se rappeler un roman aussi inquiétant, aussi maladif, mais encore aussi drôle.
Chez lui, le mal-être se transforme en force motrice, l'invective devient le combat, la dénonciation drosse le génie. L'oeuvre en était une de combat, malgré la claustration des personnages et l'immobilisme du récit.
Et quand il s'est repu de son dégoût, enfin, quand la stagnation du monde est restée sans réponse devant l'insulte, il a fallu que Huysmans se mette En route, de lui-même, abandonne la boue.
Et Huysmans serait celui qui, poussant en vain cette "montagne d'immondices" que l'on appelle société et qui lui obstruait la vue, l'ayant observé trop longtemps (et son écriture n'est elle pas de détails, de myope dirait Gracq), le nez collé à sa puanteur, ce serait décider à l'escalader, à monter.
Et la vue, à la fin, d'en haut, se dégage.
1 commentaire:
Relire Huysmans est un bonheur immense. Je recommande une très jolie réédition aux éditions Séquences, en 2003, préfacée par René-Pierre Colin : « Les Habitués de café, suivi de Le Buffet des gares, Le Sleeping-car »; ce sont trois textes brefs mais qui procurent l’immense jouissance que seuls offrent les grands auteurs sachant manier la langue française comme un interprète virtuose joue de son instrument.
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