Écornifler
Jérôme, un vieil ami, me réécrit. Nous nous étions perdus de vue depuis plus d'un an.
Il va bien, il vit mieux; il m'impressionne. Il est de ces gens auxquels on s'accroche, en écornifleur, parce qu'on sait qu'ils sont des génies, qu'ils sont notre entrée dans la postérité.
Voilà qu'il fonde cet été une compagnie de jeux de société.
- Mince, je lui réponds, je veux y participer, ne serait-ce que pour classer de la paperasse.
Eh bien, je suis heureux de ton entrain, écrit-il. Il aura besoin de textes accrocheurs (ça, je pourrais), de rédacteurs de règles, de connaisseurs des mille et une nuits (son premier projet s'appelle Schéhérazade), de testeurs de jeux, aussi.
Ça je pourrais, vraiment, testeurs de jeux; dans la vie je ne sais que jouer.
"Mais les testeurs, je ne les paie pas, précise-t-il"
J'aurais dû m'en douter : le jeu est l'une des seules activités humaines qui contient son salaire.
N'empêche, je le rencontre bientôt, pour parler, pour renouer. Et, franchement, je ne m'accrocherai pas si je vois que le plaisir n'y est plus. Le jeu n'est pas une raison pour se faire chier.
Mais tout de même, peut-être aurait-il besoin d'un peu de financement? Et je me surprends à rêver d'une vie d'actionnaire, de rentier, d'ami y ayant cru...
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