Le dernier empereur Byzantin
Ai été piqué au vif par la mort mystérieuse de Constantin XI, dernier empereur régnant de l'empire byzantin.
Le 29 mai 1453, alors que les portes de Constantinople cèdent sous l'assaut des troupes mulsumanes commandées par Mehmet II, l'empereur réalise que la fin est proche. Le désespoir ne le gagne pas cependant :
- La ville est tombée, mais je suis vivant, déclare-t-il.
Sur ce, il se dévêt de sa cape mauve, tire son épée et fonce dans la brèche créée par l'ennemi. On ne le revit jamais vivant.
D'aucuns affirment qu'il ne fut reconnaissable après la bataille que par la couleur mauve de ses bottes; d'autres que les Turcs furent incapable d'identifier son corps. Ils le jetèrent dans une fosse commune, en compagnie de ses soldats.
Mais d'autres encore affirment que Constantin XI fut sauvé. Voyant les Turcs entrer dans la cité, Dieu envoya sur terre un ange qui protégea l'empereur, le transforma en marbre et le cacha dans une cave, loin sous la terre, près de la Porte Dorée, où il attend toujours d'être éveillé.
Aujourd'hui encore cette version circule dans la bouche des vieux, sous le nom de "Légende du roi de Marbre".
***
L'empire lui-même connut une fin moins glorieuse. Il vivota jusqu'en 1471 autour de la ville de Monemvasia, date à laquelle Demetrius Palaeologus, successeur de Constantin XI réfugié à Rome, le vendit au Pape. Mon royaume pour une lasagne...
Le titre déchu d'empereur byzantin fut néanmoins porté par son neveu (et le neveu de Constantin XI) de 1465 à 1503. Une braise qui rougeoie, puis s'éteint doucement.
***
Constantin XI est considéré comme un Saint par les chrétiens orthodoxes. Sa disparition demeure inexpliquée. Elle en est d'autant plus belle.
***
Enfin, il me semble pertinent de mettre en relation la "sanctification" de Constantin et la "déification" des empereurs romains. Et comme Vespasien mourant (en 79), s'écria : "Je me transforme en dieu", il m'apparaît que Constantin, peut-être habité de ce vague souvenir, comprenant que se profilait la fin de tout l'empire (l'empire byzantin était après tout le dernier résidu de l'empire romain) voulut lui donner une fin digne de se nom. Il cristallisa donc en lui - dans sa disparition - toute l'épopée de l'empire de l'aigle. Ainsi ne mourut-il pas, mais monta plutôt dans le firmament de l'Histoire, dans l'éternité des dieux. En somme, Constantin XI rappela à lui (peut-être bien involontairement) la vieille coutume de la "transformation en dieu"; et par le fait même tira symboliquement l'empire vers l'immortalité. De même voulurent faire les commentateurs qui attisèrent la "Légende du roi de Marbre".
Reste la question de son éveil prochain, de son retour sur terre. Et là peut-être faudrait-il voir l'oeuvre du bagage chrétien, l'idée d'un messie, d'un retour, d'une résurrection issue non pas du paganisme, mais d'une christologie à l'époque ancrée depuis plus de mille ans dans les consciences. Et la légende semble bien être un mariage de convenance entre la fin définitive de la Rome antique ("je deviens un dieu"), et l'omniprésence de la culture chrétienne.
Le 29 mai 1453, alors que les portes de Constantinople cèdent sous l'assaut des troupes mulsumanes commandées par Mehmet II, l'empereur réalise que la fin est proche. Le désespoir ne le gagne pas cependant :
- La ville est tombée, mais je suis vivant, déclare-t-il.
Sur ce, il se dévêt de sa cape mauve, tire son épée et fonce dans la brèche créée par l'ennemi. On ne le revit jamais vivant.
D'aucuns affirment qu'il ne fut reconnaissable après la bataille que par la couleur mauve de ses bottes; d'autres que les Turcs furent incapable d'identifier son corps. Ils le jetèrent dans une fosse commune, en compagnie de ses soldats.
Mais d'autres encore affirment que Constantin XI fut sauvé. Voyant les Turcs entrer dans la cité, Dieu envoya sur terre un ange qui protégea l'empereur, le transforma en marbre et le cacha dans une cave, loin sous la terre, près de la Porte Dorée, où il attend toujours d'être éveillé.
Aujourd'hui encore cette version circule dans la bouche des vieux, sous le nom de "Légende du roi de Marbre".
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L'empire lui-même connut une fin moins glorieuse. Il vivota jusqu'en 1471 autour de la ville de Monemvasia, date à laquelle Demetrius Palaeologus, successeur de Constantin XI réfugié à Rome, le vendit au Pape. Mon royaume pour une lasagne...
Le titre déchu d'empereur byzantin fut néanmoins porté par son neveu (et le neveu de Constantin XI) de 1465 à 1503. Une braise qui rougeoie, puis s'éteint doucement.
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Constantin XI est considéré comme un Saint par les chrétiens orthodoxes. Sa disparition demeure inexpliquée. Elle en est d'autant plus belle.
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Enfin, il me semble pertinent de mettre en relation la "sanctification" de Constantin et la "déification" des empereurs romains. Et comme Vespasien mourant (en 79), s'écria : "Je me transforme en dieu", il m'apparaît que Constantin, peut-être habité de ce vague souvenir, comprenant que se profilait la fin de tout l'empire (l'empire byzantin était après tout le dernier résidu de l'empire romain) voulut lui donner une fin digne de se nom. Il cristallisa donc en lui - dans sa disparition - toute l'épopée de l'empire de l'aigle. Ainsi ne mourut-il pas, mais monta plutôt dans le firmament de l'Histoire, dans l'éternité des dieux. En somme, Constantin XI rappela à lui (peut-être bien involontairement) la vieille coutume de la "transformation en dieu"; et par le fait même tira symboliquement l'empire vers l'immortalité. De même voulurent faire les commentateurs qui attisèrent la "Légende du roi de Marbre".
Reste la question de son éveil prochain, de son retour sur terre. Et là peut-être faudrait-il voir l'oeuvre du bagage chrétien, l'idée d'un messie, d'un retour, d'une résurrection issue non pas du paganisme, mais d'une christologie à l'époque ancrée depuis plus de mille ans dans les consciences. Et la légende semble bien être un mariage de convenance entre la fin définitive de la Rome antique ("je deviens un dieu"), et l'omniprésence de la culture chrétienne.
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