vendredi 30 mars 2007

La dernière de Minuit le soir


La série s'essoufflait. Des fils narratifs étaient tissés, puis abandonnés, ou sèchement coupés. L'épisode d'hier, me semble-t-il, laisse trop de choses en suspend : l'exploration spirituelle du "gros" qui s'évanouit soudainement, sa relation avec Marion; aussi la relation du "vieux" avec son fils, avec sa nouvelle amoureuse - toute la série se recentre sur Marc (et certes le personnage est le plus riche, au niveau du passé du moins) et, par le fait même, perd tout le bout de chemin qu'elle avait faite vers sa richesse.

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La mort de Marc m'a plue. Mais pas la manière dont elle est amenée. Son assassin surgit fortuitement au coin d'une rue, n'est pas du tout développé; on n'a pas suivi la menace qui pèse la saison durant...bref, cette mort me semble très brouillon. Peut-être a-t-on voulu souligné par-là l'absurdité de l'évènement. N'empêche que cette mort, je crois, a dû paraître désagréable et amer à bon nombre de spectateurs (moi compris), parce qu'elle est narrativement mal construite. D'autant plus que le spectateur se trouve ainsi privée de toute satisfaction...

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Du côté positif, le lien intertextuel (intermédiatique?) tissé avec le livre À l'ouest rien de nouveau m'apparaît d'une grande importance. Celui qui l'a lu connaît d'emblée la fin douce-amer de la série. Cette connaissance intertextuelle (réservée, il est vrai, à un groupe d'élus dont je ne fait pas partie) permet au spectateur de se satisfaire dans la fin, puisqu'elle ne sort pas de nulle part, mais bien d'une fiction antérieure - elle est annoncée et, en quelque sorte, justifiée par son appui sur le livre.

En filigrane, les lectures du vieux viennent soutenir l'action et l'image de la série. Il serait intéressant de se questionner sur le rôle symbolique majeur de cet apprentissage de la lecture. Le sage du groupe, analphabète, découvre lentement la connaissance, lit le grimoire dans lequel est inscrit le destin de son ami : il déroule l'histoire. Cette figure archétypale, me semble-t-il, mériterait plus d'attention. En outre, il conviendrait de se questionner sur la nature quasi borgésienne de la troisième saison : Marc serait-il mort si le vieux n'avait pas appris à lire? Ce dernier, après tout, défile une manière de prophétie. Enfin, ne divaguons pas! Néanmoins, la relation inter-fictive forgée entre le livre et la vie "réelle" des personnages, principalement celle de Marc (qui est bien celui qui donne le livre - pourquoi ce livre? Est-ce une confession, le journal de son destin en venir?) laisse place à nombre d'interrogations enrichissantes.

Déçu, donc, par la finale claire de la trame narrative; mais il suffit de creuser un peu pour se réjouir d'une certaine finesse, présente dans la série - et d'en venir peut-être même à se dire qu'elle ne pouvait avoir une autre conclusion.

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