samedi 31 mars 2007

Remembering Arrested Development


Just writing to remember you how insanely amazing Arrested Development was. With the second season being the best installment, this show proved to be non-stop comedy genius. It combined great acting, hilarious guest-starring (freakin Carl Weathers!) and complexe (often over the top) plots. It also seems to me that the show is the first of its kind to use so much reflexivity and intertextual humour (the Buster Keaton scene, Bond, The O.C., The Office but also more real stuff like the war in Irak, Star war Kid, Girls gone wild etc...) projecting it outside of a simply fictionnal world. This constant outreaching to the real world does not work à la Seinfeld, where the more realistic nature of the show simply attached itself to the viewers world. It seems as if Arrested Development, with it's powerful internal fictionnal world does not simply relate to the viewers world, but forces itself into reality, fictionalyzing it (thinking about the Saddam's mini-palaces scandal, the Irak war etc...).

Anyway, just wanted to tell you how much you need to check it out. This is as good as american TV gets.

vendredi 30 mars 2007

Le sommet du mont Albert


Le sommet du Mont Albert, en Gaspésie. Vraiment, on se croirait un instant sur la Lune, ou Mars. Le plateau du sommet est presque totalement exempt de végétation - que du lichens et des mousses. Il y a un petit lac, qui frissonne, sans poisson. On marche et plus loin on aperçoit trois caribous de la Gaspésie, une espèce super rare. Ils ne descendent jamais du sommet parce que leur nourriture s'y trouve. Ils sont prisonniers de la montagne.

Plus loin, on redescend dans une vallée profonde, encaissée entre les sommets. La distance est si importante qu'on en perd la notion. Des cascades nous accompagnent, une végétation rocailleuse digne de la Sierra Madre, des arbres nains. On arrive en bas et on longe une rivière cachée au fond de la vallée. Vraiment, un des plus beaux endroits du Québec, une des plus belles randonnées. Allez-y; vous ne serez pas déçu. Je n'ai été aussi impressionné que par la Côte-Nord, très loin, plus précisément la Minganie, et les archipels aux mille monolithes, et l'île Nue sur laquelle mon amoureuse et moi avons campés.

La dernière de Minuit le soir


La série s'essoufflait. Des fils narratifs étaient tissés, puis abandonnés, ou sèchement coupés. L'épisode d'hier, me semble-t-il, laisse trop de choses en suspend : l'exploration spirituelle du "gros" qui s'évanouit soudainement, sa relation avec Marion; aussi la relation du "vieux" avec son fils, avec sa nouvelle amoureuse - toute la série se recentre sur Marc (et certes le personnage est le plus riche, au niveau du passé du moins) et, par le fait même, perd tout le bout de chemin qu'elle avait faite vers sa richesse.

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La mort de Marc m'a plue. Mais pas la manière dont elle est amenée. Son assassin surgit fortuitement au coin d'une rue, n'est pas du tout développé; on n'a pas suivi la menace qui pèse la saison durant...bref, cette mort me semble très brouillon. Peut-être a-t-on voulu souligné par-là l'absurdité de l'évènement. N'empêche que cette mort, je crois, a dû paraître désagréable et amer à bon nombre de spectateurs (moi compris), parce qu'elle est narrativement mal construite. D'autant plus que le spectateur se trouve ainsi privée de toute satisfaction...

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Du côté positif, le lien intertextuel (intermédiatique?) tissé avec le livre À l'ouest rien de nouveau m'apparaît d'une grande importance. Celui qui l'a lu connaît d'emblée la fin douce-amer de la série. Cette connaissance intertextuelle (réservée, il est vrai, à un groupe d'élus dont je ne fait pas partie) permet au spectateur de se satisfaire dans la fin, puisqu'elle ne sort pas de nulle part, mais bien d'une fiction antérieure - elle est annoncée et, en quelque sorte, justifiée par son appui sur le livre.

En filigrane, les lectures du vieux viennent soutenir l'action et l'image de la série. Il serait intéressant de se questionner sur le rôle symbolique majeur de cet apprentissage de la lecture. Le sage du groupe, analphabète, découvre lentement la connaissance, lit le grimoire dans lequel est inscrit le destin de son ami : il déroule l'histoire. Cette figure archétypale, me semble-t-il, mériterait plus d'attention. En outre, il conviendrait de se questionner sur la nature quasi borgésienne de la troisième saison : Marc serait-il mort si le vieux n'avait pas appris à lire? Ce dernier, après tout, défile une manière de prophétie. Enfin, ne divaguons pas! Néanmoins, la relation inter-fictive forgée entre le livre et la vie "réelle" des personnages, principalement celle de Marc (qui est bien celui qui donne le livre - pourquoi ce livre? Est-ce une confession, le journal de son destin en venir?) laisse place à nombre d'interrogations enrichissantes.

Déçu, donc, par la finale claire de la trame narrative; mais il suffit de creuser un peu pour se réjouir d'une certaine finesse, présente dans la série - et d'en venir peut-être même à se dire qu'elle ne pouvait avoir une autre conclusion.

jeudi 29 mars 2007

Le dernier empereur Byzantin


Ai été piqué au vif par la mort mystérieuse de Constantin XI, dernier empereur régnant de l'empire byzantin.

Le 29 mai 1453, alors que les portes de Constantinople cèdent sous l'assaut des troupes mulsumanes commandées par Mehmet II, l'empereur réalise que la fin est proche. Le désespoir ne le gagne pas cependant :

- La ville est tombée, mais je suis vivant, déclare-t-il.

Sur ce, il se dévêt de sa cape mauve, tire son épée et fonce dans la brèche créée par l'ennemi. On ne le revit jamais vivant.

D'aucuns affirment qu'il ne fut reconnaissable après la bataille que par la couleur mauve de ses bottes; d'autres que les Turcs furent incapable d'identifier son corps. Ils le jetèrent dans une fosse commune, en compagnie de ses soldats.

Mais d'autres encore affirment que Constantin XI fut sauvé. Voyant les Turcs entrer dans la cité, Dieu envoya sur terre un ange qui protégea l'empereur, le transforma en marbre et le cacha dans une cave, loin sous la terre, près de la Porte Dorée, où il attend toujours d'être éveillé.

Aujourd'hui encore cette version circule dans la bouche des vieux, sous le nom de "Légende du roi de Marbre".

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L'empire lui-même connut une fin moins glorieuse. Il vivota jusqu'en 1471 autour de la ville de Monemvasia, date à laquelle Demetrius Palaeologus, successeur de Constantin XI réfugié à Rome, le vendit au Pape. Mon royaume pour une lasagne...

Le titre déchu d'empereur byzantin fut néanmoins porté par son neveu (et le neveu de Constantin XI) de 1465 à 1503. Une braise qui rougeoie, puis s'éteint doucement.

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Constantin XI est considéré comme un Saint par les chrétiens orthodoxes. Sa disparition demeure inexpliquée. Elle en est d'autant plus belle.

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Enfin, il me semble pertinent de mettre en relation la "sanctification" de Constantin et la "déification" des empereurs romains. Et comme Vespasien mourant (en 79), s'écria : "Je me transforme en dieu", il m'apparaît que Constantin, peut-être habité de ce vague souvenir, comprenant que se profilait la fin de tout l'empire (l'empire byzantin était après tout le dernier résidu de l'empire romain) voulut lui donner une fin digne de se nom. Il cristallisa donc en lui - dans sa disparition - toute l'épopée de l'empire de l'aigle. Ainsi ne mourut-il pas, mais monta plutôt dans le firmament de l'Histoire, dans l'éternité des dieux. En somme, Constantin XI rappela à lui (peut-être bien involontairement) la vieille coutume de la "transformation en dieu"; et par le fait même tira symboliquement l'empire vers l'immortalité. De même voulurent faire les commentateurs qui attisèrent la "Légende du roi de Marbre".

Reste la question de son éveil prochain, de son retour sur terre. Et là peut-être faudrait-il voir l'oeuvre du bagage chrétien, l'idée d'un messie, d'un retour, d'une résurrection issue non pas du paganisme, mais d'une christologie à l'époque ancrée depuis plus de mille ans dans les consciences. Et la légende semble bien être un mariage de convenance entre la fin définitive de la Rome antique ("je deviens un dieu"), et l'omniprésence de la culture chrétienne.

mercredi 28 mars 2007

Lovecraft à Québec

Ai pris une marche tout près de chez moi jusqu'à l'édifice Saint-André. Et la plaque est là, bleue, vernissée: "H.P. Lovecraft a séjourné ici..."
L'immeuble est massif, rénové en partie; quelques logements y ont été ajoutés, des oriels, de la brique blanche d'un mauvais goût moderne. Mais les anciens appartements s'élèvent toujours au-dessus d'une base de gros blocs granitiques qui se transforme, plus haut, en une suite de briques crêmes. En chaque coin de l'immeuble se hissent des lierres dénudées par l'hiver, comme des veines noires qui, au coeur de la résidence, trouveraient quelque source où s'abreuver.
Et je me demande lequel de ces appartements à vraiment connu Lovecraft, ses pas, sa haine, ses désespoirs et ses solitudes. Je sonne au hasard. Par l'intercom une voix chevrotante me répond.
- Pourrais-je visiter, je suis un simple passant, admirateur de Lovecraft.
- Partez, il est tard, et puis les admirateurs de Lovecraft, vraiment, faut pas leur faire confiance.
Je comprends tout à fait, je ne me ferais pas confiance non plus. J'ai beaucoup trop lu pour ça.
Je repars, attristé; mais quand même ma ville est neuve, est grande, a connu l'Histoire. Je n'y étais pas (dirait Musset), mais ma cité, si longtemps ennuyeuse, y était. Enfin elle est devenue un livre, un peu, comme les Paris, les Londres, les New York de ce monde - et chaque rue est une page tournée.
Québec m'excite à nouveau; elle redevient l'aventure de mes premières découvertes adolescentes.
Oui, peut-être qu'une nuit je buterai contre un objet lourd, dans le parc au bas de la rue, un objet obscur à demi enterré. Je creuserai et se dévoilera à moi le Nécrono...enfin ce livre qu'on ne peut pas nommer.

mardi 27 mars 2007

Les deux solitudes

Fou comment les francos disent "mort de rire" et les anglos "dead serious".

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Retour sur les provinciales et sur le commentaire de Claude Charron, au journal TVA : 70% des Québécois ne veulent pas de Charest comme premier ministre. Seulement 1 Québécois francophone sur 4, voire 1 sur 5, a voté pour le gouvernement au pouvoir. Autrement dit, les libéraux sont imposés à 80% des Québécois francophones, et ce, en grande partie par l'île de Montréal et ses minorités anglophone et allophone. Nous sommes de retour au 19e siècle? Il est où la berceau de l'Amérique française? Et la nation? Non, vraiment, l'indépendance n'est pas nécessaire. Les pauvres Québécois s'en sont lassés.

Tu feras de grandes choses


Jeff Gosselin de l'ADQ qui chiale à son chef. Il se croyait l'élu du parti! Il avait la marque de naissance en forme de Graal et tout et tout! Au bas de la fesse, en plus!

Génération désillusion


Ah!

Il a vieilli, notre Québec. Il a officiellement abandonné ses rêves de jeunesse. Il s'est acheté un bungalow en banlieue, a pensé à sa petite famille (et surtout, à cette poche qu'elle vidait et qu'il veut un peu plus pleine), à sa job, à la shop.

Et puis ce ne sont pas que les jeunes qui ont votés ADQ (de la jeunesse, au Québec, il y en a de moins en moins, et pas assez pour combler 41 sièges), ce sont tout autant les baby-boomers.

Et voilà c'est fait : la génération 68 a oublié son vieux rêve. Le bonheur des Québécois vieillissants n'est plus dans le pays, mais dans la famille.

Elle n'est pas morte la souveraineté. Il lui faut du temps. Le temps que tous ces péquistes renégats vieillissent encore, prennent leur retraite, s'achètent une maison très loin à la campagne (Côte-Nord, Gaspésie, Saguenay...), repensent à leur jeunesse, soient touchés de nostalgie. Leurs vieux rêves reviendront.

Oui, les aînés il faudra les garder en vie (investissons dans la santé!), car les prochains vieux du Québec seront ceux de la liberté.

Bibliothèque de Babel

Ca y est, j'ai pris la décision de me perdre dans l'univers des blogues. J'espère que vous me trouverez.

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Vraiment, Borgès serait vert de Jalousie : je m'égarais dans Wikipédia tout à l'heure, j'y ai égrainé trois heures - et j'ai compris enfin ce qu'était la bibliothèque de Babel, le livre de sable : un savoir mouvant qui ne se laisse jamais saisir. Il semble toujours qu'un fil s'évade de la pelote de laine; et nous l'empoignons d'un clic pour ne trouver en définitive qu'une autre pelote de laine, de laquelle jaillissent mille bouts de ficelle.

Oui, la connaissance ressemble à l'argent. Dès qu'on se projette un tantinet dans le futur, il semble qu'on en ait jamais assez. L'argent, on en voit jamais le bout, le savoir non plus - et c'est ce que crystallise Wikipédia, comme la Bourse crystallise le capital.